lundi 27 avril 2020

Aromantique ?

L'autre nuit (celle de vendredi à samedi...), j'ai fait un rêve étrange: j'étais en couple avec quelqu'un, et ça se passait bien. Je n'en ai qu'un souvenir très furtif. Comme d'habitude je me souviens souvent parfaitement de rêves sans aucun intérêt, et celui-là, si étonnant dans son principe, je l'ai oublié quasi totalement. Je revois très vaguement la fille en question, du moins son look: elle était habillée en jogging (période de confinement oblige ? 😄). Je crois que des gens critiquaient notre relation, et que je leur disais qu'au contraire, ça se passait bien. Il ne me semble pas avoir déjà fait de rêve du genre. Il ne se passait rien de sexuel, par contre. Je ne sais pas ce que c'est qu'un rêve érotique.

Suis-je aromantique ? Je me pose bien entendu cette question. J'ai déjà raconté à quel point le moindre début de flirt me donnait toujours envie de fuir à toutes jambes.

Je me dis que la vie elle-même répond parfois aux questions que l'on se pose. En 40 ans, je n'ai jamais supporté une seule fois d'être en relation, je n'ai jamais une seule fois rencontré quelqu'un avec qui cela semblait pouvoir se produire, je n'en ai jamais vraiment souffert, je ne peux pas dire non plus que je suis déjà véritablement tombé amoureux même si j'ai parfois eu des inclinaisons romantiques envers des gens... tout cela peut constituer un début de réponse.

Je n'ai cependant pas renoncé au couple comme je l'ai dit plusieurs fois.  Donc après le top 10 de tout ce qui me rebute dans cette idée, j'ai envie, en éternel geek, de poster le top de ce qui peut me donner envie.

1) La curiosité. J'aime tenter de nouvelles expériences. J'ai besoin de me confronter vraiment aux choses pour savoir si elles me plaisent ou pas. Je ne l'ai jamais fait véritablement avec le couple, parce que je ne veux pas être avec quelqu'un qui va me demander du sexe (auquel je n'ai pas besoin pour le coup de me confronter pour savoir qu'il ne m'intéresse pas, parce qu'il repose sur une pulsion de désir que je n'ai pas).

2) Avoir quelqu'un à rendre heureux. J'ai toujours voulu avoir une vie qui soit le moins égoïste possible. Mais dans les faits, elle l'est peut-être un peu. J'essaye de donner aux autres à travers mon métier (et j'écris aussi ce blog dans l'espoir, pourquoi pas, d'aider des gens qui pourraient se reconnaître dans ce que j'écris), mais ça ne suffit pas toujours. Entendons-nous bien: je ne fais aucun parallèle entre le fait d'être célibataire et le fait d'être égoïste. Ca n'a RIEN à voir, même si je l'entends souvent dire (j'ai souvent envie de demander aux gens qui disent cela qui est le plus égoïste entre l'abbé Pierre et un mari violent ?). Disons simplement que j'aimerais expérimenter cette façon-là de penser à quelqu'un d'autre. Dans la série Treme, que je découvre en cette période de confinement, il y a cet épisode dans lequel un type essaye de convaincre sa copine de rester à la Nouvelle-Orléans. Il lui organise toute une journée, où il l'emmène dans de nombreux lieux, lui prépare plein de surprises, pour la convaincre de rester. Eh bien voilà, ça c'est un plaisir que je ne connais pas, que je peux concevoir, dans lequel je peux me projeter, et que j'aimerais connaître. Avoir quelqu'un à qui on peut préparer ce genre de surprises, et voir l'étincelle de bonheur dans ses yeux.

3) Avoir (et donner) du soutien. La valeur de l'indépendance, c'est la liberté, mais le prix à payer, c'est de renoncer à quelqu'un qui croit en vous et peut vous donner de la force. Je disais dans l'article précédent que l'abstinence sexuelle m'avait parfois aidé à me transcender, mais je ne dirais pas la même chose de la solitude. Lorsque j'ai besoin de soutien, et que je ne peux pas en avoir auprès d'amis, j'ai tendance à user de la solution de facilité, c'est-à-dire me tourner vers ma famille, ce qui est très mauvais pour moi. Je suis encore beaucoup trop dépendant d'eux et j'en souffre. J'ai réussi, notamment grâce à la psychanalyse, à me détacher d'eux, mais pas suffisamment. Il me faudrait un échappatoire. Mais il ne faut pas non plus attendre du couple qu'il puisse nous "sauver", car c'est un fardeau trop lourd à mettre sur les épaules de quelqu'un d'autre, Fabrice Luchini en parle dans cette géniale vidéo, à voir absolument si vous ne la connaissez pas.



4) Une personne spéciale avec laquelle partager de bons moments (voyager, regarder des films, des séries, aller à des concerts). Bon, ça peut se faire avec des amis, me direz-vous. Et ça pose aussi un problème: j'ai tendance à faire passer mes désirs après ceux des autres. Avec les gens, je fais très souvent des compromis sur ce que j'ai envie de faire. Mes désirs rejoignent rarement les leur. A tous les niveaux, j'ai des goûts un peu en marge, qui ne sont pas partagés par la plupart. Je ne veux pas imposer mes envies aux autres... et ce sont souvent eux qui m'imposent les leur. Je me dis souvent qu'en couple, j'ai toutes les chances de reproduire ce schéma et de me faire bouffer par lui.

5) Lire des histoires de couples asexuels sur des forums. On en lit sur AVEN par exemple, et ça peut donner envie d'en vivre.

Quelques questions que vous vous posez peut-être en lisant tout ça (ou que je me pose à moi-même en écrivant):

Fais-tu des efforts pour faire une rencontre ? 

Je ne me ferme à rien. Je sors régulièrement, je travaille aux quatre coins de la France, et j'ai donc l'occasion de faire de multiples rencontres. Je ne me vois pas m'inscrire en revanche sur des applications comme Tinder, Adopteunmec... à tort ou à raison, j'ai le sentiment qu'elles ne sont pas faites pour les personnes asexuelles, et que j'y serai comme un poisson hors de l'eau.

Fais-tu des efforts pour rencontrer des asexuels dans la vie, et nouer des relations avec eux ? 

Non, aucun pour le moment, j'en parle ici...

Es-tu prêt à en faire ? 

Peut-être. Pas de la façon dont je l'ai déjà fait (me rendre à des réunions ouvertes), mais plutôt en sympathisant d'abord "virtuellement" sur Internet avec des gens pour avoir envie de les rencontrer ensuite.

Voilà, j'ai tellement pris l'habitude de me justifier auprès de mon entourage que je dois même me justifier auprès de moi-même, ou de questions imaginaires qu'on ne m'a pas posé. Comme si trouver l'amour n'était qu'une question d'"efforts justes" à fournir. De se "bouger le cul". D'oser simplement "traverser la rue". On sait très bien que ce n'est pas le cas.

On peut aussi constater que je ne trouve que 5 raisons d'expérimenter la relation amoureuse (et encore, la raison 4 n'en est pas vraiment une puisque j'explique comment elle pourrait se retourner contre moi), quand j'en trouvais 10 de la fuir.

KO debout au profit du célibat, alors ?

Pourtant, si je me reconnais dans le terme de greysexuel, je ne me reconnais pas encore dans celui d'aromantique... et ne fais pas encore une croix sur l'idée d'avoir un jour une relation qui ressemble à la conception que je puisse m'en faire.

A bientôt pour un prochain épisode.

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